Femmes et institutions, changeons les règles du jeu ! Comprendre pour mieux agir

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Les difficultés rencontrées par les femmes concernant les relations qu’elles entretiennent avec les institutions reviennent régulièrement dans le cadre du travail du Mouvement, et ce depuis plusieurs années déjà. Nous avons d’ailleurs consacré certains projets spécifiques à ce sujet, tels que des projets nationaux fédérateurs, dont la Semaine d’étude 2013 intitulée « Vers des institutions favorables aux Droits des femmes ».

Sentiment de ne pas être comprises, peur du jugement, incompréhension des procédures, etc. les difficultés sont nombreuses. Les crises sanitaire, économique et climatique que nous traversons cristallisent ces problèmes et dysfonctionnements structurels et portent significativement atteinte aux droits des femmes. Ceux-là mêmes déjà ébranlés dans une société traversée par le sexisme, le racisme et le capitalisme.

Précisons que nos institutions ne sont pas imperméables aux systèmes sexistes, racistes et capitalistes, ceci pouvant se traduire tant dans la philosophie même des institutions que dans leurs pratiques.

Précisons également que nos institutions sont dépendantes de choix politiques plus ou moins favorables à un certain modèle de société.

L’impact du néolibéralisme sur le bien-vivre et la santé des femmes les plus vulnérables n’est plus à démontrer. Par ailleurs, nos institutions incarnent aussi une forme d’autorité face à laquelle de nombreuses femmes expriment le sentiment d’être traitées comme des numéros plutôt que comme des personnes à part entière.

Les institutions ont également tendance à découper la vie des femmes en différentes problématiques (emploi, formation, santé, mobilité, logement, enfants, etc.) sans tenir compte des liens qu’elles ont entre elles.

En 2010 déjà, lors de notre congrès « Egalité… En avant toutes ! », les femmes ont clairement exprimé la nécessité de sentir que leurs besoins et leurs intérêts soient pris en compte dans la société, notamment par les institutions. Dans une recommandation spécifiquement consacrée à cette question, les femmes ont affirmé que pour elles, dans une société égalitaire, solidaire et juste, il est indispensable que « les institutions garantissent de réels choix aux femmes par une information accessible, complète, compréhensible et transparente » et « qu’elles respectent la parole des femmes et leur projet de vie. »

Femmes et institutions / étude 10 ans plus tard, ces besoins sont toujours bien présents et il convient de les considérer comme prioritaires et urgents si, comme notre Premier ministre Alexandre De Croo l’affirme, nous voulons réellement « rétablir la confiance » entre les institutions et le peuple.

La présente étude est issue de notre campagne « Femmes et institutions : jouons la collaboration ! ».

Une campagne de terrain menée pendant 2 ans, en 2022 et 2023 avec les femmes, partout en fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette campagne, déclinée au travers d’animations, d’actions publiques et d’outils de communication a poursuivi l’objectif de sensibiliser largement sur les rapports que les femmes entretiennent avec les institutions. Cette sensibilisation devrait contribuer à l’amélioration de pratiques institutionnelles répondant favorablement aux besoins des femmes, avec une attention particulière donnée aux femmes les plus vulnérables.

Cette étude se présente comme un outil de réflexion et une invitation à l’action. Dans un premier temps nous nous penchons brièvement sur Vie Féminine et son ancrage en éducation permanente. Ensuite, nous précisons le type de méthodologie mobilisée pour mener à bien cette étude.

La troisième partie est l’occasion de revoir quelques balises conceptuelles avant de s’attarder sur la partie analytique. Celle-ci se décline en deux principaux volets. Le premier intitulé « Quand les femmes parlent : constats » traite d’un sujet encore relativement méconnu ou incompris : les violences institutionnelles vécues par les femmes les plus vulnérables. Il y est question de stigmatisation, de procédures inadaptées et excluantes, de droits entravés, etc. Les nombreux témoignages de femmes jalonnant cette partie confèrent un ancrage et une consistance incarnée particulièrement précieuse pour appréhender le plus fidèlement possible les expériences des femmes. Le second volet intitulé « Recommandations » se présente comme une réponse aux constats évoqués par les femmes, chaque difficulté vécue rencontrant ici une piste de solution. La lutte contre les stéréotypes, l’accessibilité de l’in formation, le travail social de proximité, etc. sont autant de leviers de changement à instaurer et renforcer.

Le point fort et innovant de ce projet consiste en la création, l’alimentation et le renforcement du dialogue entre les femmes et les institutions.

Il s’agit de contribuer à l’émergence d’une lecture critique collective, par les femmes et pour les femmes, au bénéfice de l’action de transformation.

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